Comte Honoré-Gabriel de Riqueti de Mirabeau

L'oeuvre du comte de Mirabeau

Publié par Good Press, 2022
goodpress@okpublishing.info
EAN 4064066080082

Table des matières


INTRODUCTION
ESSAI BIBLIOGRAPHIQUE
ÉROTIKA BIBLION
AVIS DES ÉDITEURS
ANAGOGIE
L’ANÉLYTROÏDE
L’ISCHA
LA TROPOÏDE
LE THALABA
L’ANANDRINE
L’AKROPODIE
KADHESCH
BÉHÉMAH
L’ANOSCOPIE
LA LINGUANMANIE
ANNOTATIONS DITES DU CHEVALIER DE PIERRUGUES
SUR L’ANAGOGIE
SUR L’ANÉLYTROÏDE
SUR L’ISCHA
SUR LA TROPOÏDE
SUR LE THALABA
SUR L’ANANDRINE
SUR L’AKROPODIE
SUR LE KADESCH
SUR LE BÉHÉMAH
SUR L’ANOSCOPIE
SUR LA LINGUANMANIE
Le Libertin de Qualité
Madame Honesta, la Présidente et l’Américaine
La Duchesse
Musique
Mariage
Hic et Hec
Les Chevaux neufs
La Vieille Sara
La Belle Adèle
Aurore
Le Chien après les Moines
Le Rideau levé ou l’Éducation de Laure
L’Enfance de Laure
Éducation Philosophique
Le Degré des Ages du Plaisir
Tableau de Paris
La Patronne
LES TROIS MÉTAMORPHOSES
MIRABEAU.

MIRABEAU.

INTRODUCTION

Table des matières

Il ne sera question ici ni de la vie publique ni de la vie privée de Mirabeau. Tout cela est trop connu.

Qu’il suffise de dire qu’Honoré-Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau, naquit le 9 mars 1749 au château du Bignon, dans le Gâtinais orléanais (aujourd’hui Le Bignon-Mirabeau, arr. de Montargis, Loiret). Il mourut le samedi 2 avril 1791.

D’excellents historiens ont projeté un jour éclatant sur les amours du grand tribun et de Sophie de Ruffey, la marquise de Monnier. On a donné une très grande partie de la correspondance des deux amants1.

On n’a pas encore osé livrer au public les détails libres qui abondent, paraît-il dans les lettres de Mme de Monnier. Bon nombre de détails aussi libres figurent dans celle de Mirabeau.

Arrêté le 14 mai 1777, l’amant de Sophie fut enfermé à Vincennes le 8 juin 1777 et n’en sortit que le 17 novembre 1780.

Le marquis de Sade était au donjon depuis le 14 janvier de la même année. Mais Mirabeau semble avoir ignoré ce détail à cette époque et la lettre adressée à M. Le Noir, le 1er janvier 1778, témoigne de cette ignorance.

«... Faut-il citer un de mes parents2? Pourquoi des crimes horribles et pour qui une prison perpétuelle est une grâce que toute la bonté du souverain pour leurs familles a eu peine à leur accorder, plusieurs scélérats de cette espèce, dis-je, sont dans des forts où ils jouissent de toute leur fortune, où ils ont une société très agréable et toutes les ressources possibles contre le mal-être et l’ennui inséparable d’une vie renfermée....................................

... Faut-il citer un de mes parents2? Pourquoi non? La honte n’est-elle pas personnelle? Le marquis de Sade, condamné deux fois au supplice, et la seconde fois à être rompu vif, le marquis de Sade exécuté en effigie; le marquis de Sade dont les complices subalternes sont morts sur la roue, dont les forfaits étonnent les scélérats même les plus consommés; le marquis de Sade est colonel, vit dans le monde, a recouvré sa liberté et en jouit, à moins que quelque nouvelle atrocité ne la lui ait ravie...

Vous me blâmeriez, Monsieur, si je m’avilissais jusqu’à mettre en parallèle M. de Railli3, M. de Sade et moi; mais je me ferais cette question simple... De quoi suis-je coupable? De beaucoup de fautes sans doute; mais qui osera attaquer mon honneur?... Mon père; parce qu’il est le seul que je ne puisse pas repousser et couvrir d’infamie. Qu’il articule des faits et que ces faits me soient communiqués. Je l’ai demandé cent fois, mais il a trop beau jeu lorsqu’il parle seul pour changer de partie... Cependant, quelle différence de la situation des monstres que j’ai cités à la mienne? Je suis dans la prison du royaume la plus triste et la plus cruelle, à la considérer sous tous les aspects (je parle de celle destinée aux gens de ma sorte); j’y suis dans la plus extrême pénurie; dans l’isolement le plus absolu, je dirais le plus affreux, si vous n’étiez venu à mon aide...»

Mais le marquis de Sade devait lui révéler sa présence et, le 28 juin 1780, Mirabeau écrit au premier commis de la police, l’agent Boucher, qu’il appelait son bon ange4:

«... Monsieur de Sade a mis hier en combustion le donjon et m’a fait l’honneur en se nommant et sans la moindre provocation de ma part, comme vous le croyez bien, de me dire les plus infâmes horreurs. J’étais, disait-il moins décemment, le giton de M. de R...5 et c’était pour me donner la promenade qu’on la lui ôtait. Enfin, il m’a demandé mon nom afin d’avoir le plaisir de me couper les oreilles à sa liberté.

La patience m’a échappé et je lui ai dit: Mon nom est celui d’un homme d’honneur qui n’a jamais disséqué ni empoisonné des femmes, qui vous l’écrira sur le dos, à coups de canne, si vous n’êtes pas roué auparavant, et qui n’a de crainte d’être mis par vous en deuil sur la grève6. Il s’est tu et n’a pas osé ouvrir la bouche depuis. Si vous me grondez, vous me gronderez, mais par Dieu, il est aisé de patienter de loin, et assez triste d’habiter la même maison qu’un tel monstre habite.»

Ces deux prisonniers, qui s’estimaient si peu, l’un traitant de giton l’autre qui le considérait comme un monstre, devaient jouer un rôle prépondérant dans l’histoire de l’émancipation sociale et morale de l’humanité.

Tous les deux passaient le temps, en prison, à écrire surtout des ouvrages licencieux.

Mirabeau a composé à Vincennes un grand nombre d’ouvrages:

Des lettres de cachet et des prisons d’Etat, 2 vol., à Hambourg (Neufchâtel), en 1782.

Elégies de Tibulle avec des notes et recherches de mythologie, d’histoire et de philosophie; suivies des baisers de Jean Second; traduction nouvelle adressée du Donjon de Vincennes par Mirabeau l’aîné, à Sophie Ruffey, avec quatre figures. A Tours, chez Letourmy jeune et Compagnie, et à Paris, chez Berry, rue S. Nicaise, l’an 3 de l’Ere Républicaine, 2 tomes, in-8o7.

Il y a un troisième volume sans tomaison indiquée, avec ce titre: Contes et nouvelles adressés du Donjon de Vincennes, par Mirabeau, à Sophie Ruffey. A Tours, chez Letourmy le jeune et Compagnie. A Paris, chez Deroy, libraire, rue Cimetière-André, no 15, l’an 4 de l’ère républicaine, avec cette épigraphe: Nec si quid olim lusit Anacreon delevit aetas.

«La Chabeaussière, dit la Biographie Michaud, élevé avec Mirabeau, lui avait fait don du manuscrit de cette traduction, à laquelle il n’attachait aucune importance. Mirabeau se l’appropria en l’enrichissant d’additions et remaniant le style. La Chabeaussière revendiqua l’ouvrage lorsqu’il en vit le succès.»

M. Paul Cottin (loc. cit.) dit que «La Chabeaussière paraît avoir indûment réclamé la paternité» de cette traduction de Tibulle.

M. Gabriel Hanotaux possède, paraît-il, un important manuscrit d’ouvrages de Mirabeau, écrit à Vincennes et recopiés par Sophie: poèmes, traduction des Métamorphoses d’Ovide, Essai sur la liberté des anciens et des modernes, etc.

Mirabeau écrivit aussi à Vincennes un traité de l’Inoculation, une grammaire et une mythologie destinés à l’éducation de Mme de Monnier.

Il traduisit aussi les contes de Boccace qu’il jugeait ainsi (Lettre à Sophie du 28 juillet 1780): «Je crois en général que Boccace a été trop vanté; il a cependant du naturel et du comique. Mais quand on a lu ce qu’a fait en ce genre Hamilton, soit dans ses contes, soit dans les mémoires de Gramont, on n’aime plus aucun conteur.»

Enfin, il y écrivit son Erotika Biblion et ces ouvrages hardis que M. Pierre Louys, dans sa préface d’Aphrodite, appelle les romans de Mirabeau, c’est-à-dire le Libertin de qualité et peut-être Hic et Haec.

Ma Conversion parut en 1783.

Cet ouvrage, d’un genre tout nouveau, fut bientôt remarqué8. C’était la première fois sans doute que l’on faisait un personnage romanesque de l’homme qui vit aux dépens des femmes. Le roman était animé; assez grossier, il contenait des termes empruntés à l’argot spécial des brelans et des tavernes. Le libertinage affectait à chaque page des allures conquérantes. Don Juan levait des impôts dans le pays de Tendre et blasphémait avec une liberté réaliste encore nouvelle dans la littérature. Les Mémoires secrets ne manquèrent point de signaler un livre aussi scandaleux et la mention qui est faite des estampes qui enrichissent le livre suffira à donner idée de l’ouvrage qu’on ne peut guère résumer.

«5 janvier 1785. Ma Conversion, par M. D. R. C. D. M. F., c’est-à-dire par M. de Riquetti, comte de Mirabeau fils.

Tel est le titre de cet ouvrage qui, quoique imprimé dès 1783, n’a commencé à percer que vers la fin de l’année dernière. Il est, en effet, de nature à ne se glisser que lentement et dans les ténèbres. Il est précédé d’une Épître dédicatoire à Monsieur Satan. On peut juger par ce début quel doit être le fond du livre. Le frontispice l’annonce également. On y voit l’auteur à son bureau. L’Amour et les Trois Grâces, transformées en trois Garces nues, vers lesquelles il se retourne, semblent guider sa plume. On dirait que le Diable, en face, n’attend que le moment de recevoir l’hommage de cette production, et Mercure se dispose à la publier.

Au haut est un médaillon où l’on lit: Ma Conversion. Et au bas, pour légende: Auri sacra fames. Cinq autres estampes enrichissent et développent le sujet.

La première roule sur le début du héros, qui commence par une financière payant bien. Il est peint l’excitant vigoureusement et ne voulant la satisfaire que lorsque l’or paraît. Au bas, on lit: Voyez son cul, comme il bondit!

La seconde a pour titre: La dévote, avec cette exclamation: Ah! mon doux Jésus! C’est le plaisir qui la lui arrache, on le juge à son attitude avec son amant. Un crucifix devant elle, un tableau de la Vierge caractérisent une dévote.

Agnès est la troisième estampe, et le mot: Je déchire la nue. C’est une novice que le libertin introduit dans un couvent de débauche: en lui donnant une leçon de musique, elle se précipite elle-même tout en pleurs dans ses bras et est enf.....

Elle vit du pays sert de légende à la quatrième. C’est une Baronne campagnarde qu’il éduque et à laquelle il apprend toutes les postures et toutes les manières de le faire.

La dernière estampe peint une orgie effroyable, où brille un moine. Elle est couverte d’un rideau qu’entr’ouvre le Roué. Plus bas est une autre orgie fort enveloppée, qu’on suppose des tribades d’après sa description, et le tout est terminé par ces mots: Le rideau cache les mœurs.

On ne sait si l’ouvrage est réellement de celui qu’indiquent les lettres initiales: mais malheureusement il est assez bien fait pour qu’on soit tenté de le croire.»

La Correspondance littéraire, philosophique et critique, par Grimm, Diderot, Raynal, Meister, etc., émettait aussi des doutes sur l’attribution qu’on faisait de Ma Conversion à Mirabeau.

«Ma Conversion, par M. D. R. C. D. M. F., avec figures en taille-douce, première édition, dédiée à Satan. Nous ne nous permettons de transcrire ici le titre de cet infâme livre que pour annoncer à nos lecteurs que, quoique attribué au fils de M. le marquis de Mirabeau, auteur de l’ouvrage sur Les lettres de cachet et les prisons d’État, nous ne pouvons nous résoudre à croire qu’il soit de lui. C’est un code de débauche dégoûtante, sans verve, sans imagination, et il ne paraît pas croyable qu’un homme d’esprit ait avili sa plume à cet excès sans laisser même soupçonner l’espèce d’attrait qui aurait pu séduire son talent.»

Et M. Tourneux, qui a donné (Garnier, 1880) une édition de la Correspondance littéraire, ajoute en note:

«Les initiales qui figurent sur l’une des éditions et que reproduit Meister signifient: M. de Riquetti, comte de Mirabeau fils. Néanmoins, il est très probable que le grand orateur n’a pas plus écrit Ma Conversion que les autres romans obscènes qu’on lui a attribués. On ne peut porter à son actif que l’Erotika Biblion, dont il se déclare implicitement l’auteur dans une lettre à Sophie de Monnier.»

Cependant, le doute n’est pas possible. Mirabeau a écrit aussi bien Ma Conversion que l’Erotika Biblion.

Les trois lettres du 21 février, du 5 et du 26 mars 1780 le démontrent assez.

Le 21 février, Mirabeau écrit à Sophie:

«Ce que je ne t’envoie pas, c’est un roman tout à fait fou que je fais et intitulé Ma Conversion. Le premier alinéa te donnera une idée du sujet et t’apprendra en même temps quelle fidélité je te prépare:

Jusqu’ici, mon ami, j’ai été un vaurien; j’ai couru les beautés; j’ai fait le difficile; à présent, la vertu rentre dans mon cœur; je ne veux plus ..... que pour de l’argent; je vais m’afficher étalon juré des femmes sur le retour et je leur apprendrais à jouer du ... à tant par mois.

Tu ne saurais croire combien ce cadre, qui ne semble rien, amène de portraits et de contrastes plaisants; toutes les sortes de femmes, tous les états y passent tour à tour; l’idée en est folle, mais les détails en sont charmants et je te le lirai quelque jour, au risque de me faire arracher les yeux. J’ai déjà passé en revue la financière, la prude, la dévote, la présidente, la négociante, les femmes de cour, la vieillesse. J’en suis aux filles; c’est une bonne charge et un vrai livre DE MORALE

Le 5 mars, Mirabeau reparle avec complaisance de son roman:

«Mon amie si bonne, nous sommes fort arriérés; mais je travaille tant que, j’espère, nous aurons bientôt de l’argent. Tibulle va être livré, les Contes et les Baisers le sont; Boccace est entre mes mains, et Ma Conversion avance. Je fais, pour ce roman qui est absolument neuf et qui, si j’étais libraire, ferait ma fortune, des sujets d’estampes qui ne ressembleront à aucunes et seront, je m’en flatte, très jolies. Comptez sur mes bontés, madame; je daignerai vous réserver toujours quelques bons moments, et si je fais beaucoup pour ma bourse, je ferai aussi quelque chose pour mon cœur. Si tu veux passer sur des mots un peu fermes et sur des peintures très libres, mais très vraies de nos mœurs, de notre corruption, de notre libertinage, je t’enverrai ce roman, qui est moins frivole que l’on ne croirait au premier coup d’œil. Depuis les femmes de cour, qui y sont cavées à fond, j’ai fini les religieuses et les filles d’opéra; j’en suis, par occasion, aux moines; de là je me marierai, puis je ferai peut-être un petit tour aux enfers (où je coucherai avec Proserpine) pour y entendre de drôles de confessions..... Tout ce que je puis te dire, c’est que c’est une folie singulièrement neuve et que je ne puis relire sans rire.»

Enfin, le 26 mars Mirabeau annonce à Sophie qu’il lui envoie Ma Conversion:

«Quant au manuscrit que tu demandes, je l’envoie au bon ange, avec prière de te le faire passer. Garde-le le moins que tu pourras. Je ne puis y joindre ni la seconde partie, ni la feuille que j’ai retirée du corps de l’ouvrage. Ce sont des choses de nature à ce que M. B... ne puisse les passer.

Hélas! mon amie, c’est en prison qu’on a besoin de se battre les flancs pour être gai et de se forcer à l’être. Sans cela, on serait bientôt découragé et mort ou fou. Au reste, Ma Conversion est beaucoup plus plaisante que Parapilla9. C’est, sous une écorce très polissonne, une peinture vivante et même assez morale de nos mœurs et de celles de tous les États. Les femmes de cour, les religieuses et les moines y sont surtout traités à souhait.»

P. Manuel, dans sa préface aux Lettres de Mirabeau (loc. cit.), dit emphatiquement que l’amant de Sophie «fut réduit à broyer les couleurs de l’Arétin. Et alors parut Le Libertin de qualité; on ne concevrait pas comment un apôtre de la volupté, le disciple le plus ingénieux qu’ait jamais eu Épicure, qui prêchait si bien que l’Amour perdrait tout à être nu s’il était sale, et que la pudeur doit survivre même à la chasteté, a pu employer les couleurs dégoûtantes du vice; si, dupe de son imagination qui montrait à sa philanthropie, à travers des sentiers fangeux, un but moral, il ne s’était pas persuadé à lui-même que pour peindre les vices, il fallait les saisir sur le fait et que pour apprendre à des courtisans et à des moines où était la gangrène, la putridité de leurs mœurs, il fallait, sous peine de n’être pas lu, parler le langage des bordels et des halles.

Ma Conversion est l’image des débauches de l’Ile de Caprée. Était-ce à lui de tenir le pinceau de Pétrone?

Tout au plus devait-il se permettre l’Erotika Biblion. Là, du moins, avec toute l’érudition de l’Académie des sciences, il couvre des exemples sacrés de l’antiquité les parties honteuses de nos modernes Sardanapales.»

La même année que Ma Conversion parut l’Erotika Biblion. Mirabeau l’avait achevé en 1780. Le 21 octobre de cette année, il écrit à Sophie: «... Je comptais t’envoyer aujourd’hui, ma minette bonne, un nouveau manuscrit très singulier, qu’a fait ton infatigable ami, mais la copie que je destine au libraire de M. B... n’est pas finie; et t’ôter à l’avenir l’original, ce serait l’interrompre pour longtemps10. Ce sera pour la prochaine fois. Il t’amusera: ce sont des sujets bien plaisants, traités avec un sérieux non moins grotesque, mais très décent. Croirais-tu que l’on pourrait faire dans la Bible et l’antiquité des recherches sur l’onanisme, la tribaderie, etc., etc., enfin sur les matières les plus scabreuses qu’aient traitées les casuistes et rendre tout cela lisible, même au collet le plus monté et parsemé d’idées assez philosophiques?»

Il faut noter en passant qu’Errotika était une faute d’impression qui persiste dans un certain nombre d’éditions de l’ouvrage.

Le manuscrit autographe de Mirabeau a appartenu à M. Solar et a été vendu 150 francs. Il était in-4o.

L’Erotika Biblion est un monument d’impiété très singulier. C’est le fruit des lectures de Mirabeau dans sa prison. Il y lisait avec curiosité et non sans plaisir des ouvrages d’érudition sacrée, d’exégèse biblique: «Avec les rognures des commentaires de Don Calmet, dit un biographe, il composa l’Erotika Biblion, recueil de gravelures, où sont signalés les écarts de l’amour physique chez les différents peuples anciens et particulièrement chez les Juifs et dans lequel, du moins, l’originalité compense l’obscénité de la matière.»

La première édition parut à Neufchâtel selon les uns, à Paris selon d’autres. On a assuré qu’il ne se répandit que quatorze exemplaires de la première édition, saisie en presque totalité par la police. Il paraît que l’édition de 1792 fut également traquée, mais un certain nombre d’exemplaires passa à l’étranger. Il en vint même à Rome et le livre fut mis à l’index le 2 juillet 1794. Le décret qui condamne l’ouvrage en traduit agréablement en latin le titre grec: «Erotika Biblion, id est: Amatoria Bibliorum.»

A propos de l’Erotika Biblion, Lemonnyer11 cite cet Article découpé d’un journal de l’époque: «20 août. Il paraît un livre nouveau dont le titre seul est effrayant: il porte Errotika Biblion. A Rome, de l’imprimerie du Vatican, 1783, volume in-8o. Son objet est de prouver que, malgré la dissolution de nos mœurs, les anciens étaient beaucoup plus corrompus que nous, et l’auteur le fait méthodiquement et par une comparaison suivie, à commencer depuis les Juifs compris, ce qui s’établit à leur égard par des citations des livres saints qui ne sont pas fort édifiantes. De là une érudition immense et les tableaux les plus licencieux plus forts que ceux du Portier des Chartreux.

Ce livre est fort rare: on prétend qu’il n’y en a eu que quatorze exemplaires distribués dans Paris, et que le reste a été saisi par la police.» Lemonnyer cite encore un autre article:

«28 novembre 1783. L’Errotika Biblion n’a qu’environ 18 feuilles d’impression in-8o et est subdivisé en dix titres d’un seul mot, qui ne sont pas plus intelligibles au commun des lecteurs. Ils formeront comme autant de chapitres séparés, dont la liaison a peine à se découvrir, mais dont le but général est assez celui indiqué de prouver que les anciens nous surpassaient infiniment du côté de la corruption des mœurs: ils sont, dans leur brièveté, remplis de recherches savantes et même infiniment curieuses, qui rendent l’ouvrage aussi érudit qu’agréable.

L’auteur, outre le talent de posséder parfaitement les langues mortes, a celui d’écrire très bien la sienne, de plaisanter légèrement et de singer souvent Voltaire; dans les tableaux très sales qu’il présente parfois, il se sert toujours d’expressions honnêtes ou techniques; du reste, il paraît fort versé dans l’art des voluptés et en donne des leçons que lui envieraient les Gourdans et les Brissons, en un mot les plus experts en ce genre.

Les éditeurs annoncent dans un avis qu’ils ont du même auteur d’autres manuscrits du même mérite et d’un intérêt non moins piquant, et ils promettent de les livrer incessamment au public; on ne peut que le désirer avec avidité.»

La préface de l’édition de 1833, dite édition du chevalier de Pierrugues (v. Essai bibliographique), contient un excellent résumé de l’ouvrage. Ce résumé sous forme de commentaire ne saurait manquer d’intéresser les curieux et amateurs de lettres.

Le voici:

«Dans le chapitre par lequel il ouvre son écrit immortel, Mirabeau, avec cette finesse d’esprit et ce talent d’observation admirable, ridiculise le système absurde de tous les sectateurs qui, marchant sur les traces de Shackerley, prétendraient, comme le philosophe Maupertuis, soutenir que le phénomène étonnant, cette bande circulaire solide et lumineuse qui entoure à une certaine distance le globe ou l’anneau de Saturne dans le plan de son équateur, que découvrit Galilée en 1610, était autrefois une mer; que cette mer s’est endurcie et qu’elle est devenue terre ou roche; qu’elle gravitait jadis vers deux centres et ne gravite plus aujourd’hui que vers un seul.

Il sape ainsi par leur base les vaines théories des hommes sur les lois de la nature, qu’ils nous présentent comme d’incontestables vérités et qui, dans le fond, ne sont que les extravagantes rêveries de leur cerveau.

Passant ensuite au chapitre de l’Anélytroïde, après avoir résumé en peu de mots l’histoire merveilleuse de la création, dont il attaque la physique avec cette justesse d’esprit qui lui est propre, il fait ressortir, en critique judicieux, toutes les absurdités fabuleuses de nos théologiens qui prétendent tout expliquer, parce qu’ils raisonnent sur tout, et il démontre combien il est ridicule de soutenir, comme les canonistes de toutes les époques, que tous les moyens propres à faciliter la propagation de l’espèce humaine n’ont en eux-mêmes rien que d’honnête et de décent, dès qu’ils conduisent à cette destination.

L’Ischa nous étale avec pompe le chef-d’œuvre par lequel l’architecte de l’univers a clos son sublime ouvrage, cette âme de la reproduction, la femme, dont la faiblesse organique indique, il est bien vrai, combien elle est inférieure en puissance à l’homme, mais qu’une éducation virile et libérale, au lieu d’une instruction nécessairement superficielle qu’on lui donne aujourd’hui, assimilerait davantage à la nature de l’homme, qu’elle égale en perfectionnement, et lui ferait participer avec une parfaite égalité de droits à la jouissance de la vie civile.

Plus énergique, mais non moins éloquent, c’est dans la Tropoïde que le talent inimitable de Mirabeau prend un nouvel essor pour s’élever aux plus hautes pensées. Vivant dans un temps où la corruption d’une cour offrait à la méditation du philosophe le tableau le plus saillant et le plus hideux d’une dissolution sans exemple, il porte le flambeau de l’investigation sur celle d’un peuple d’une autre époque beaucoup plus reculée de nous, et les comparant ensemble, il démontre avec une admirable vérité que l’espèce humaine, dont les facultés morales ont une connexion si intime avec ses facultés physiques, est susceptible d’une perfectibilité qui se développe par les lumières de l’observation et de l’expérience et qui s’augmente successivement avec les progrès de la civilisation. Il prouve que si des nuances plus ou moins caractéristiques distinguent si diversement tous les peuples de la terre, il faut l’attribuer à l’influence du sol qu’ils habitent et aux institutions politiques qui leur sont imposées, soit par des despotes qui les gouvernent d’après leurs vices et leurs vertus, soit par des conquérants qui les modèlent sur leurs propres mœurs et les climats qu’ils ont quittés.

Le Thalaba nous fait voir l’homme dans toute la turpitude d’un vice infâme, lorsque, subjugué par son tempérament, il ne puise pas assez de forces dans son âme pour résister à un dérèglement qui non seulement le dégrade à ses propres yeux, mais brise entre ses mains la coupe de la vie, si pleine d’avenir, avant de l’avoir épuisée.

L’Anandryne sert de pendant au tableau heureux du Thalaba et nous représente, dans la femme, l’épouvantable vice qu’il a critiqué dans l’homme.

Il nous fait voir dans quel degré d’abjection peut tomber un sexe aimable, si bien fait pour plaire, lorsqu’il a franchi les bornes de la pudeur12.

Après avoir établi d’une manière admirable que l’influence de la reproduction de notre espèce étend ses droits sur tous les hommes en général, que la violence de l’amour sous un climat constamment brûlant n’est point la même que dans les pays septentrionaux, et que la nature procède à la reproduction par des moyens particuliers et propres à chacun, Mirabeau, par une transition heureusement amenée, critique, dans l’Akropodie, une des institutions les plus bizarres et les plus singulières que jamais tête d’homme ait enfantées, je veux dire la circoncision. En passant en revue les motifs qui l’ont pu établir chez les Orientaux, il démontre victorieusement qu’une observance religieuse quelconque qui n’aurait pas pour base les lois de la morale et de la nature ne peut servir qu’à tenir dans un avilissement perpétuel le peuple qui la pratiquerait.

Le Kadesch confirme ces réflexions et prouve avec évidence que l’homme, une fois livré à ses désirs immodérés, à ses seules passions, sans frein ni retenue, doit nécessairement s’avilir, au point de méconnaître entièrement les sentiments de la pudeur et sa propre dignité. Et conduisant comme dans un cloaque d’impuretés, il développe dans Béhémah cette triste vérité que l’homme, n’écoutant plus la raison dont il est partagé, poussera bientôt ses folies jusqu’aux plus monstrueuses insanies, et ombragera la nature en faisant injure à la beauté, sans crainte de se ravaler au-dessous de la brute même.

Dans un chapitre de l’Anoscopie, Mirabeau nous expose au grand jour l’homme, depuis le berceau du monde, toujours le jouet des adroits charlatans qui, abusant sans pitié de sa crédulité et établissant leur empire sur les qualités surnaturelles qu’ils affectent, mais ne possèdent pas, ont prétendu dévoiler les secrets de l’avenir et connaître ceux que le passé tient cachés dans son sein. Il en conclut que le peuple sera la dupe de ces jongleurs aussi longtemps que les yeux seront couverts du bandeau de l’ignorance et de la superstition.

Il couronne enfin son immortel ouvrage par la peinture énergique du tableau hideux des mœurs de toute l’antiquité, et, les mettant en parallèle avec les nôtres, il prouve combien la morale a fait de progrès immenses aujourd’hui, par la raison infiniment simple que la dépravation de l’homme est en raison du peu de développement de ses qualités intellectuelles et que plus il sera éclairé sur la dignité de son être et l’excellence de sa nature, moins il s’abandonnera à ses funestes passions qui finissent par enfanter le malheur.

Si Hic et Hec est réellement de Mirabeau, il faut croire qu’après l’avoir confié à un libraire, l’amant de Sophie fit la défense qu’on le publiât. Le grand tribun n’avait plus besoin de sa plume pour vivre. Le libraire conserva sans doute une copie du manuscrit et le fit paraître après la mort de Mirabeau.

Ce charmant ouvrage n’est point indigne de l’auteur de l’Erotika Biblion et de Ma Conversion. Il s’agit des aventures d’un élève des jésuites d’Avignon, qui après la dispersion de l’ordre est placé comme précepteur dans une famille bourgeoise, mais riche et accueillante. Les personnages appartiennent au monde ecclésiastique, à la noblesse. On trouve quelques anecdotes charmantes. Ce petit roman licencieux a été écrit avec une grâce et un esprit qui sont rares. Il a été pillé par l’auteur de Mylord Arsouille13 qui parut avant lui, mais une copie de Hic et Hec a pu fort bien tomber entre les mains du pamphlétaire peu scrupuleux qui publia la médiocre relation des plaisirs de lord Seymour, dont Mylord Arsouille était le surnom populaire.

Le Rideau levé ou l’Éducation de Laure est une sorte d’Emile concernant les demoiselles. Mirabeau n’est pas l’auteur de cet ouvrage, qui aurait été écrit par un gentilhomme bas-normand, nommé le marquis de Sentilly. L’auteur, qui avait sans doute décidé d’abord de faire l’apologie de l’inceste, fut retenu bientôt par des considérations qui n’ont point embarrassé certains romanciers modernes. Laure, dont l’éducation morale aussi bien que sexuelle, doit être achevée par son père, apprend bientôt que l’homme qu’elle appelle mon papa n’a en réalité avec elle aucun lien de parenté. C’était beaucoup trop de pudeur. L’auteur le comprit vite et n’hésita pas à faire intervenir plus loin l’inceste encore, mais sous l’aspect qui paraît moins révoltant: l’inceste de frère et de sœur. Le Rideau levé est un ouvrage au-dessus de sa réputation.

Le chien après les moines est une satire alertement versifiée, mais fort insignifiante. La notice qui se trouve en tête de la réimpression de 1869 contient ces lignes qui paraissent judicieuses:

«L’épître à la Guimard14, pour glorifier son caractère charitable, offre en tête une initiale qui ne s’applique pas trop bien au comte de Mirabeau: par M. M... Nous ne serions pas éloigné de chercher plutôt cet anonyme dans Mercier ou Théveneau de Morande.»

Le Degré des âges du plaisir renferme quelques renseignements anecdotiques. Cependant le titre laissait supposer quelque chose de plus voluptueux. Mirabeau n’est pour rien dans cette élucubration bizarre.

G. A.

ESSAI BIBLIOGRAPHIQUE

Table des matières

sur les ouvrages qui font l’objet de ce recueil.

Errotika Biblion.—Εν Καιρο Εκατῆρον.—Abstrusum excudit.—Ensuite se trouve une vignette formée de divers attributs artistiques et scientifiques. A Rome, de l’Imprimerie du Vatican.—MDCCLXXXIII. In-8o, IV-192 pp.

Errotika Biblion.—Εν Καιρο Εκατῆρον.—Abstrusum excudit.—Ensuite se trouve une vignette représentant deux amours ailés dont l’un tient une gerbe et l’autre une harpe, auprès d’une urne. A Rome, de l’Imprimerie du Vatican.—MDCCLXXXIII. In-8o, IV-192 pp.

Errotika Biblion.Abstrusum excudit.—Ici se trouve un groupe d’ornements typographiques disposés de façon à former une vignette. A Rome, de l’Imprimerie du Vatican.—MDCCLXXXIII. In-8o, IV-188 pp. Il paraît que cette contrefaçon fut faite à Mons par H. Hoyois.

Errotika Biblion.En Kairô Ékatèron, abstrusum excudit.—Dernière édition. A Paris, chez Le Jay, libraire, rue Neuve-des-Petits-Champs, près celle de Richelieu, du grand Corneille, no 146, 1792. In-8o de 176 pp.

Errotika Biblion.—Εν Καιρο Εκατῆρον.—Abstrusum excudit.Troisième édition. A Paris, chez tous les marchands de nouveautés.An IX-1801. Petit in-12 de IV-248 pages, avec un portrait gravé par Mariage. (C’est celui qui a été reproduit dans le présent recueil). Cette édition de l’Errotika Biblion est la plus jolie et la plus rare. On trouve des exemplaires portant: par le comte de Mirabeau, nouvelle édition corrigée sur un exemplaire revu par l’auteur. Paris, Vatar-Jouannet, an IX (1801).

Erotika Biblion, par Mirabeau, nouvelle édition, revue et corrigée sur un exemplaire de l’an IX, et augmentée d’une préface et de notes pour l’intelligence du texte. Paris, chez les frères Girodet, rue Saint-Germain-l’Auxerrois. MDCCCXXXIII; avec les épigraphes: Εν Καιρῶ ἐχάτηρον,—Abstrusum excudit, petit in-8o de XII-271 pp. Une vignette polytipée sur le titre représente Jupiter balançant ses carreaux. Edition très rare et estimée. Elle contient les notes dites du chevalier Pierrugues, auteur du Glossarium eroticum linguæ latinæ (Paris, 1826), ouvrage mis en ordre par Eloi Johanneau et dû en partie à la collaboration du baron de Schonen, auteur de la Dissertation sur l’Alcibiade fanciuello a scuola de Ferrante Pallavicini.

Il y avait à Bordeaux un ingénieur du nom de Pierrugues, cependant il n’est pas certain qu’il soit l’auteur des notes, et il se pourrait que le nom véritable de celui-ci restât encore à dévoiler. En effet, les définitions qui ont été ajoutées aux notes de Mirabeau sont différentes et même moins précises que celles du Glossarium...

Cette édition est devenue très rare, parce que, croit-on, la presque totalité des exemplaires fut brûlée pendant l’incendie de la rue du Pot-de-Fer, où, le 13 décembre 1835, un fonds très important de librairie fut détruit.

Errotika Biblion... Édition publiée en Allemagne vers 1860.

Erotika Biblion, par Mirabeau. Édition revue et corrigée sur l’édition originale de 1783 et sur l’édition de l’an IX avec les notes de l’édition de 1833 attribuées au Chevalier Perrugues. Bruxelles, chez tous les libraires. 1783-1868 (Poulet-Malassis), in-12 de XV-220 pages, avec un portrait d’après Sicardi, gravé par Flameng. Il y a une introduction due sans doute à la plume de Brunet (de Bordeaux).

Erotika Biblion, par Mirabeau. Édition revue et corrigée sur l’édition originale de 1783 et sur l’édition de l’an IX, avec les notes de l’édition de 1833, attribuées au Chevalier de Pierrugues et un avant-propos par C. de Katrix. Bruxelles, Gay et Doucé, éditeurs, 1881.—Edition tirée à 500 exemplaires in-8o de XXIX-267 pages plus 2 ff. de table, avec une eau-forte de Chauvet, un portrait gravé par Flameng sur la gravure de Copia d’après Sicardi et le fac-similé d’un autographe de Mirabeau.

Erotika Biblion. Une édition a paru à Bruxelles vers 1885.

Le Libertin de qualité, ou Ma conversion [par le Cte de Mirabeau] Londres [imprimé à l’imprimerie clandestine de Malassis, à Alençon], 1783, pet. in-8o. Très rare.

Le Libertin de qualité, ou Confidences d’un prisonnier de Vincennes, Stamboul [Paris], 1784, in-8o, fig.

Le Libertin de qualité, par Mirabeau, nouvelle édition, ornée de huit figures. A Paris, MDCCXC. In-18.

Vie privée, libertine et scandaleuse de feu H. G. R. ci-devant Cte de Mirabeau; à Paris, chez tous ses créanciers, rue de l’Echelle, en Suisse, etc., 1791. In-8o de IV-192 pp. avec portrait, frontispice et 5 figures. Réimpression du Libertin de qualité.

Le Libertin de qualité... Amsterdam, 1774 [Paris, 1830] avec 6 ou 12 figures gravées en taille-douce ou 12 lithographies. 2 vol. in-18 de 139 et 142 pp.

Le Libertin de qualité ou Ma conversion, par le comte de Mirabeau. Avec figures en taille-douce. Nouvelle édition. A Paris, 1801 [1830]. 2 tomes. in-12 avec 6 ou 12 figures gravées en taille-douce ou 12 lithographies.

Vie privée, libertine et scandaleuse de feu H. G. R. ci-devant Cte de Mirabeau; à Paris, chez tous ses créanciers, rue de l’Echelle, en Suisse, etc. 1791, in-18 avec un portrait. VI-199 pp. Réimpression du Libertin de qualité. Ne pas confondre ces deux éditions avec certains pamphlets dont le titre n’est pas très différent de celui-ci.

Le Libertin de qualité ou Ma conversion, par M. D. R. C. D. M. F. (Le Comte de Mirabeau). Edition revue sur celle originale de 1783. Londres, 1783-1866, in-18, figures libres.

Le Libertin de qualité ou Ma conversion, par M. D. R. C. D. M. F. (Le Comte de Mirabeau). Edition revue sur celle originale de 1783. Londres, 1783-1888, avec une rose sur le titre. In-18, 208 pp.

On a attribué à Mirabeau les ouvrages suivants:

Le Chien après les M...—Fascicule in-8 de 32 pp., vers 1782.

Le Chien après les Moines, lu et approuvé par une bande de défroqués. In-8o de format plus petit que le précédent.

Le Chien après les moines, satire attribuée à Mirabeau. Réimpression textuelle sur l’édition originale, sans lieu ni date (vers 1782), augmentée d’une notice bibliographique. Genève, chez J. Gay et fils, éditeurs, 1869. On attribue aussi cette satire à Mercier ou à Théveneau de Morande.

Le Rideau levé ou l’Education de Laure, avec cette épigraphe:

Retirez-vous, censeurs atrabilaires;
Fuyez, dévots, hypocrites ou fous,
Prudes, guenons, et vous, vieilles mégères,
Nos doux transports ne sont pas faits pour vous.

Cythère (Alençon, Jean Zacharie Malassis), 1786. In-12 de VI-98 et 122 pages, avec 12 gravures, fleurons et culs-de-lampe, gravés par Godard père, d’Alençon.

Le Rideau levé, ou l’Education de Laure. Cythère, MCCLXXXVIII, 2 vol. in-12.

Le Rideau levé, ou l’Education de Laure... 1790, 2 vol. 122 et 154 pp.

Le Rideau levé ou l’Education de Laure... an V.

Le Rideau levé, ou l’Education de Laure... 1800.

Le Rideau levé ou l’Education de Laure... Réimprimé sur l’édition de 1790 [vers 1830], 2 vol. in-18, chacun de 144 pp., 12 fig. libres.

Le Rideau levé ou l’Education de Laure... Londres, 1788 [Paris, vers 1830], avec des lithographies.

Le Rideau levé ou l’Education de Laure, par Honoré-Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau.—Edition revue sur celle originale de 1786 et ornée de six figures libres, gravées d’après celles qu’on ajouta aux éditions de 1786 et de 1790; ici se trouve l’épigraphe de quatre vers (voir plus haut).—A Cythère.—MDCCCLXIV. Le titre est imprimé en deux couleurs (noir et rouge). In-18, 271 pp.

Le Rideau levé aurait en réalité pour auteur un certain marquis de Sentilly, gentilhomme bas-normand.

Le Degré des âges du plaisir ou Jouissances voluptueuses de deux personnes de sexes différents aux différentes époques de la vie, recueilli sur des mémoires véridiques, par Mirabeau, ami des plaisirs. A Paphos, de l’imprimerie de la Mère des amours.—1793, in-18, 8 figures.

Le Degré des âges du plaisir ou Jouissances voluptueuses de deux personnes de sexes différents, aux différentes époques de la vie. Recueilli sur des Mémoires véridiques par Mirabeau, Ami des plaisirs, suivi de l’Ecole des Filles ou la Philosophie des dames. Orné de gravures et de chansons. Au Palais-Royal, chez la Vve Girouard, très connue, 1798. 2 vol. in-16, 10 figures libres, coloriées. Bruxelles, 1863.

Le Degré des âges du plaisir ou Jouissances voluptueuses de deux personnes de sexes différents aux différentes époques de la vie, recueilli sur des mémoires véridiques par Mirabeau, Ami des plaisirs. A Paphos. De l’Imprimerie de la Mère des amours, 1793. Avec, sur le faux titre, l’indication qu’il s’agit d’une des Réimpressions faites exclusivement pour les membres de la Société des Bibliophiles de Bâle, les Amis des Lettres et des Arts. Vers 1870, in-18.

On a aussi attribué à Mirabeau l’ouvrage suivant, qui pourrait fort bien être de lui. On reconnaît assez son style.

Hic et hæc, ou l’Elève des RR. PP. Jésuites d’Avignon, orné de figures. Berlin, 1798. 2 tomes petit in-12. Les figures, assez bien faites, sont galantes et non pas libres. Il y a à la deuxième partie l’anecdote reçue de Paris et lue par Mme Valbouillant (Les chevaux neufs) qui manque dans les autres éditions.

Hic et hec, ou l’Art de varier les plaisirs de l’Amour et de la volupté, enseigné par les R. P. Jésuites et leurs élèves. Douze gravures. Londres, les marchands de nouveautés, 1815. 2 tomes in-16. Lithographies libres.

Hic et hæc, ou l’Art de varier les plaisirs de l’Amour... Londres, 1788. Paris, 1830, 2 tomes in-18, 99 et 80 pp. avec 6 figures.

Hic et hæc ou l’Art de varier les plaisirs de l’Amour... Belgique, 1863. 2 tomes in-16 avec 12 figures.

Hic et Hec ou l’Art de varier les plaisirs de l’Amour... Au Palais-Royal, chez la Vve Girouard, très connue. 2 tomes in-12, vers 1865.

Hic et Hec ou l’Art des (sic) varier les plaisirs de l’Amour. Londres, chez tous les marchands de nouveautés, 1870, avec sur la couverture un encadrement typographique. 2 tomes en 1 vol. in-12 de 121 pp.

ÉROTIKA BIBLION

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AVIS
DES ÉDITEURS

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Le titre de cet ouvrage ne sera pas intelligible à tous les lecteurs, et plusieurs ne lui trouveront aucun rapport avec le sujet. Néanmoins un autre n’aurait pu lui convenir: et si nous l’avons laissé en grec, on en devinera aisément la raison.

Les recherches savantes et infiniment curieuses de l’auteur rendent cet ouvrage aussi érudit qu’agréable, et nous ne doutons pas de l’accueil favorable qu’il recevra du public.

Nous avons du même auteur deux autres manuscrits qui ont le même mérite et qui sont autant intéressans que celui-ci; ils seront achevés d’imprimer sous deux mois. Nous annoncerons à nos correspondans le moment où ils devront sortir de presse. Nous mettrons dans l’exécution typographique autant de correction et de goût que dans ce volume. Nous ne pouvons en annoncer les titres que lorsqu’ils seront prêts à paroître.

N. B.—La présente édition de l’Erotika Biblion est la reproduction de la première édition de 1783, elle a été revue sur celle de l’an IX. Les chiffres romains entre parenthèses renvoient aux annotations dites du chevalier de Pierrugues. Elles ont été insérées à la suite de l’Erotika Biblion. L’Avis des éditeurs a paru en tête de la première édition.

ANAGOGIE

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On sait15 que parmi les découvertes innombrables des antiquités d’Herculanum, les manuscrits ont épuisé la patience et la sagacité des artistes et des savans. La difficulté consiste à dérouler des volumes à demi consumés depuis deux mille ans par la lave du Vésuve. Tout tombe en poussière à mesure qu’on y touche.

Cependant des minéralogistes hongrois, plus patiens que les Italiens, plus exercés à tirer parti des productions qu’offrent les entrailles de la terre, se sont offerts à la reine de Naples. Cette princesse, amie de tous les arts, et savante dans celui d’exciter l’émulation, a favorablement accueilli ces artistes: ils ont entrepris cet immense travail.