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Crépuscule des Dieux –
Götterdämmerung
sur le « nouvel ordre mondial»l

Stefan Engel

Crépuscule des Dieux –
Götterdämmerung
sur le
« nouvel ordre mondial»

La nouvelle organisation de la
production internationale

Verlag Neuer Weg

Sommaire
Crépuscule des Dieux –
Götterdämmerung
sur le « nouvel ordre mondial»

Avant-propos

Introduction

Première partie :
Changements essentiels dans l’économie politique de l’impérialisme

1. La formation de monopoles internationaux

2. La bataille des monopoles internationaux pour le marché mondial

3. Le développement de la production des produits alimentaires sous le diktat des monopoles internationaux

4. La formation d’un prolétariat industriel international

5. Changements dans la structure de classes à la suite de l’internationalisation de la production capitaliste

6. Les grandes banques internationales, force motrice de l’internationalisation de la production capitaliste

7. Le rôle de la Bourse dans le processus de l’internationalisation du capital

8. La domination du capital financier sur l’économie mondiale

9. La République populaire de Chine, une puissance sociale-impérialiste en plein essor

Deuxième partie :
La nouvelle organisation de la production internationale introduit une nouvelle phase dans le développement de l’impérialisme

1. L’effondrement de l’Union soviétique sur fond de l’internationalisation de la production capitaliste

2. La cinquième période d’investissement du capitalisme monopoliste d’État en RFA

3. L’offensive d’exploitation : base de la nouvelle organisation de la production internationale

4. La nouvelle organisation de la production internationale

5. Les monopoles internationaux minent le rôle et la fonction des États nationaux

6. Privatisation à grande échelle d’entreprises et d’institutions publiques

7. La crise chronique des finances publiques et la redistribution du revenu national

8. Changements dans la politique en matière de subventions d’État à l’exemple de Ruhrkohle AG

9. L’Union européenne : instrument des monopoles internationaux

10. Formes d’organisation internationales du capital financier

11. Les effets dévastateurs du néolibéralisme sur les pays sous dépendance néocoloniale

Troisième partie :
La nouvelle organisation de la production internationale aggrave la crise du système impérialiste mondial

1. La crise structurelle internationale sur la base de la nouvelle organisation de la production internationale

2. Nouveaux phénomènes dans la première crise économique mondiale du nouveau millénaire

3. Interaction entre les crises de surproduction, boursière et bancaire

4. La crise de la régulation étatique

5. La lutte concurrentielle internationale du capital financier empêche la prise de mesures efficaces contre la crise écologique globale

6. La tendance internationale à la dissolution de l’ordre familial bourgeois

7. Une nouvelle phase dans la lutte pour le repartage du monde

8. La crise politique chronique et la lutte contre le «terrorisme international»

9. La crise des théories de mondialisation bourgeoises et petites-bourgeoises

Annexe :

Bibliographie

Index des tableaux

Index des graphiques

Avant-propos

Pour le titre de son livre, l’auteur Stefan Engel utilise une parabole tirée de la mythologie germanique : dans le Crépuscule des Dieux, l’apocalypse engloutit les divinités défuntes d’une époque dépassée, et du brasier surgit une nouvelle terre attrayante, empreinte de paix et d’une exubérante joie de vivre. Cette comparaison avec le déclin de la caste dominant aujourd’hui la société mondiale et avec la préparation d’un nouvel avenir digne d’être vécu n’est pas fortuite ! Le livre arrache cette vision de la mythologie, et la place sur des fondations scientifiques sûres.

Avec vantardise, le président américain George Bush proclama en 1991 un « nouvel ordre mondial». Mais, derrière cette annonce pompeuse se cachait simplement la prétention ouverte au leadership sur le monde entier de la seule superpuissance restante, les États-Unis.

L’auteur analyse sous tous les angles comment ce « nouvel ordre mondial» est devenu un désordre mondial que plus personne ne peut maîtriser. La nouvelle organisation de la production internationale en tant que quintessence économique des mutations sociales a provoqué une multitude de crises, de guerres et de débâcles dévastatrices. Les forces productives révolutionnaires aspirent ardemment à un épanouissement à travers le monde, et étouffent dans le corset des structures sociales dépassées de l’impérialisme. Étant donné que le système capitaliste ne peut résoudre ces problèmes, son déclin s’accélère. Mais, en son sein, mûrissent en même temps tous les préparatifs matériels pour un véritable nouvel ordre mondial : l’affranchissement révolutionnaire du système mondial impérialiste par une révolution socialiste internationale et la formation des États unis socialistes du monde.

Le livre ne fascine pas seulement par sa culture du débat rafraîchissante, mais aussi par ses méthodes rigoureusement scientifiques, avec lesquelles un nombre impressionnant de faits, d’informations et de documents sont analysés et interprétés. Il transmet une perspective à chacun pour qui le crépuscule des dieux du capital financier mondial dominant ne doit pas être la fin de l’histoire, mais le point de départ d’une nouvelle époque du développement social de l’humanité, sans famine, ni exploitation, ni guerre.

Verlag Neuer Weg

Essen, 15 mars 2003

Introduction

Depuis la dissolution de l’Union soviétique et de son empire nous assistons à un processus vertigineux de mise en place d’un nouvel ordre économique et politique du monde. Sous le terme trompeur de « mondialisation », des économistes bourgeois et petits-bourgeois nous inondent de publications sur ce thème. Mais bien rares sont celles qui satisfont aux exigences scientifiques, surtout à celle de découvrir également, sous tous leurs aspects, les causes sociales de cette évolution.

Dans le mouvement marxiste-léniniste et ouvrier international, on ne dispose pour l’instant que d’un petit nombre d’études importantes concernant des aspects isolés de ce processus. Ce qui fait encore défaut c’est une appréciation d’ensemble pertinente et généralisée. Cela peut conduire à des interprétations erronées et lourdes de conséquences des évolutions sociales récentes, et à de fausses conclusions pour la lutte contre l’impérialisme et pour le socialisme.

Le présent ouvrage souligne l’universalité des analyses de l’impérialisme par Lénine et du capitalisme monopoliste d’État en Allemagne par Willi Dickhut1. En même temps, toute son attention est fixée sur les nouveaux phénomènes, les changements essentiels dans le système impérialiste mondial. Ceux-là sont regroupés sous la notion de « nouvelle organisation de la production capitaliste internationale ».

Le point de départ politique de cette nouvelle organisation fut la fin de l’ère de l’Union soviétique sociale-impérialiste, scellée par l’échec de la tentative de putsch de la part de militaires soviétiques en août 1991. L’existence de l’Union soviétique et du Conseil d’assistance économique mutuelle (Comecon), formant un espace économique relativement coupé du reste du monde, ne pouvait plus être assurée. Le bouleversement scientificotechnique dû à la microélectronique et l’automatisation intégrale ainsi que l’internationalisation de la production capitaliste avaient miné en grande partie la base économique et politique de la superpuissance Union soviétique. L’intégration complète des régions d’influence soviétique dans un seul marché mondial et l’harmonisation relative de leurs rapports de production avec ceux de l’Occident, de loin plus productifs, étaient devenues des nécessités économiques absolues.

Toutefois, les bouleversements qui suivirent en Russie ainsi que dans les autres pays de l’ancienne Union soviétique et de l’ancien Comecon ne visaient nullement à une transformation générale de la société. L’Union soviétique avait déjà perdu son caractère socialiste depuis le XXe Congrès du PCUS en février 1956. La prise de pouvoir par une nouvelle bourgeoisie issue de la bureaucratie centralisée du parti, de l’économie et de l’État, avait fait dégénérer l’Union soviétique en un capitalisme bureaucratique monopoliste d’Etat de type nouveau. À part le nom, celui-ci n’avait plus rien de commun avec le socialisme.

La propagande annonçant la « fin du socialisme » ou même la « fin de l’histoire » n’était que le cri triomphal des puissances victorieuses occidentales face au rival social-impérialiste battu dans une lutte concurrentielle acharnée. Cette propagande servait en premier lieu à manipuler les opprimés et exploités dans le monde entier qui, dans leur mécontentement croissant, se mettent de plus en plus à la recherche d’une alternative à la société capitaliste.

Ce n’est pas le socialisme qui avait échoué avec la dissolution de l’Union soviétique, mais le révisionnisme moderne des Khrouchtchev, Brejnev et Gorbatchev. Il était la base idéologique de la domination de la nouvelle bourgeoisie en Union soviétique et de son aspiration à supplanter son rival acharné, les États-Unis, et à se hisser elle-même au rang de superpuissance impérialiste hégémonique dominant le monde.

La banqueroute de la superpuissance sociale-impérialiste Union soviétique exprimait la pourriture et la décomposition du système impérialiste mondial en général et du capitalisme bureaucratique monopoliste d’État version soviétique en particulier. Cet échec provoqua une crise profonde du révisionnisme moderne et des partis liés à celui-ci. Elle libéra la voie pour que le mouvement marxiste-léniniste et ouvrier international puisse analyser en profondeur cette évolution négative et la surmonter. Au cours d’un processus idéologico-politique de longue haleine, il faut élucider les causes, les conditions et les répercussions de la dégénérescence révisionniste et de la restauration du capitalisme dans tous les anciens pays socialistes sans exception. Cela doit s’accompagner de la nouvelle formation des marxistes-léninistes dans le monde entier sur la base de conclusions créatives pour l’avenir de la lutte de libération révolutionnaire et pour un nouvel essor de la lutte internationale pour le socialisme et le communisme.

Cette nouvelle organisation de la production internationale est pour l’instant le point culminant provisoire du processus de l’internationalisation du mode de production capitaliste. Elle marque le début d’une nouvelle phase de l’évolution du système impérialiste mondial.

Étant donné que quelques entraves essentielles au libre épanouissement du marché mondial ont été éliminées, le développement des forces productives connut une énorme poussée à la fin du 20e siècle. Aucun pays du monde ne put ni peut y échapper. Un processus sans précédent de concentration et de centralisation transfrontalier se mit en marche dans l’industrie, l’agriculture, le commerce et les banques, et transforma profondément le paysage économico-politique.

Le nouveau marché unique mondial, auquel les monopoles internationaux ont un accès relativement libre, remet radicalement en question toutes les structures traditionnelles de production et d’échange ainsi que les formes de communication, de concurrence et de coopération s’y rattachant, et qui sont encore organisées en premier lieu au niveau national. Mais, même de manière approximative, les dirigeants ne réussissent pas à créer à l’échelle internationale des rapports de production et une superstructure politique efficace qui correspondent à cette révolutionnarisation des forces productives.

Malgré tous les hymnes de louange bourgeois à la gloire de la « mondialisation » qui apporterait le salut, les rapports capitalistes de pouvoir et de propriété en tant que base sociale des changements ne furent toutefois pas touchés. Au contraire, la nouvelle caste du capital financier international opérant au niveau mondial, manifesta sa nature rapace et inhumaine avec une clarté difficile à surpasser. Plus que jamais, elle dicte ses conditions aux diverses économies nationales et à la bourgeoisie non-monopoliste de tous les pays.

Les Etats nationaux furent forcés d’ouvrir en grand leurs frontières et d’abandonner des mesures de protection nationales contre la concurrence internationale. Telles des nuées de sauterelles, les monopoles internationaux envahirent les économies nationales sous dépendance néocoloniale en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Dans une campagne de pillage unique en son genre, ils s’approprièrent leur main-d’œuvre, leurs bases de matières premières, leurs institutions publiques, leurs industries lucratives et se soumirent leurs marchés. Ce sont les États-Unis, la plus grande puissance économique impérialiste, qui tirèrent le plus de profit de cette campagne de pillage néocolonialiste.

La plupart du temps, les gouvernements réactionnaires des pays néocolonisés ouvrirent leurs portes avec empressement au capital financier impérialiste. Ils espéraient une part appropriée du butin provenant de la liquidation de leurs pays. Néanmoins, les industries traditionnelles durent partout capituler devant les systèmes internationaux de production intégrée de l’industrie monopoliste fortement productive, ou devant les flux commerciaux bon marché du monde entier. Ainsi, on déroba souvent à ces pays tout ce qui leur restait encore d’autonomie et d’indépendance économiques.

Sous la propagande trompeuse du « néolibéralisme » commença un processus mondial de privatisation et de monopolisation d’entreprises et d’institutions nationales qui dévore impitoyablement des acquis sociaux souvent obtenus de haute lutte et qui, pendant une longue période, semblaient être assurés pour longtemps.

Dans ce processus, le rôle traditionnel de l’État bourgeois comme régulateur central de l’économie nationale cède de plus en plus le pas à un système de concurrence mondiale entre les États nationaux visant à offrir les meilleures prestations de services aux monopoles internationaux, pour une mise en valeur optimale de leurs capitaux et pour établir des conditions politiques favorables.

L’essentiel de cette nouvelle organisation de la production internationale est la tendance à la dissolution relative de l’organisation des rapports de production et d’échange par Etats nationaux. Elle est remplacée par une imbrication transnationale des modes de production et d’échange les plus avancés sous la domination du capital financier international. Une vague internationale de fusions et reprises transfrontalières commença à réorganiser le paysage des entreprises. La lutte concurrentielle entre les monopoles internationaux revêtait le caractère d’une guerre d’extermination mutuelle.

Dans les centres de production des monopoles internationaux et les zones économiques spéciales qui en font partie, naquit en même temps un prolétariat industriel international qui est en premier lieu impliqué dans un système de production intégrée à l’échelle mondiale.

Le développement par bonds de la télécommunication, en particulier de l’Internet, accorda au capital financier international une croissance extraordinaire dans la deuxième moitié des années 1990. Dans les Bourses, des gains spéculatifs fabuleux jaillirent. Cela allait de pair avec des bonds immenses dans la productivité du travail des salariés lorsque la lean production [production allégée] fut introduite dans l’industrie et l’administration, et que la flexibilisation généralisée du temps de travail s’imposa. Cela conduisit à une nouvelle dimension de l’exploitation capitaliste de la main-d’œuvre humaine. Le manège des fusions international tourna de plus en plus vite avant de s’embourber dans une nouvelle crise économique mondiale au début du nouveau millénaire.

La nouvelle organisation de la production internationale constitue la vaine tentative d’arrêter la déstabilisation du système impérialiste mondial en soumettant le monde entier au diktat du capital financier international de façon encore plus conséquente. Néanmoins, elle ne réussit à résoudre aucun problème du système impérialiste. Au contraire, sa propension à produire des crises s’est aggravée et approfondie. Ainsi s’est développée une nouvelle crise structurelle internationale qui est devenue le stimulateur d’une crise de surproduction mondiale au début du troisième millénaire. Le système du néocolonialisme s’enfonça encore plus dans la crise. La crise écologique mondiale s’est aggravée de façon menaçante. Le chômage massif croissant, le sous-emploi et la pauvreté, la destruction massive des moyens d’existence de petits paysans remettent en question les conditions de vie des masses à l’échelle mondiale. La crise chronique de l’ordre familial bourgeois est devenu un phénomène international. Les secousses économiques plus ou moins marquées dans les économies nationales aggravent la crise politique latente dans tous les pays. Même les pays impérialistes, jusqu’alors relativement stables, en furent touchés. Comme le système impérialiste mondial ne cesse de se disloquer, les dirigeants cherchent de plus en plus leur salut en renforçant l’appareil répressif de l’État et en supprimant des droits et libertés démocratiques bourgeois.

L’inégalité du développement a ouvert une nouvelle phase de la lutte pour le repartage du monde entre les plus grands monopoles internationaux et les plus grandes puissances impérialistes. Guerre et réaction sont le message central d’un système social périmé.

Ce que le président américain, George Bush, déclara jadis avec vantardise comme « nouvel ordre mondial» se révéla être un nouveau désordre politique international. Ce processus destructif et auto-destructif a pris des dimensions énormes et globales. Néanmoins, le besoin inhérent de trouver une solution fondamentale doit rester un rêve irréalisable dans les limites étroites de l’ordre social capitaliste. En fin de compte, une issue est seulement concevable à l’échelle internationale et sous forme d’un bouleversement révolutionnaire vers un système social socialiste.

Le système impérialiste mondial est caractérisé par une aggravation généralisée de toutes les contradictions fondamentales et par une instabilité croissante. Ceci permet de parler d’une nouvelle 5e phase de la crise générale du capitalisme depuis le début des années 1990.

Le développement des forces productives a manifestement initié une nouvelle phase de transformation historique qui s’exprime visiblement dans le passage à un niveau supérieur de la lutte des classes internationale. Les exploités et les opprimés du monde ne veulent plus périr dans la barbarie capitaliste et cherchent une issue sociale. Dans les centres impérialistes, la conscience de classe de la classe ouvrière s’est réveillée sur un large front, après de longues années d’un calme relatif. Dans de nombreux pays en dépendance néocoloniale, exploités et opprimés par l’impérialisme, surtout en Amérique latine, la déstabilisation sociale alla si loin que s’amorça un processus d’effervescence révolutionnaire transnational. Un mouvement mondial d’« anti-mondialisation », écologique et pour la paix lutte contre les effets inhumains de la nouvelle organisation de la production internationale et du désordre politique qui l’accompagne.

Au début des années 1990, Willi Dickhut a établi la thèse clairvoyante selon laquelle la révolution prolétarienne internationale doit être la réponse à l’internationalisation de la production capitaliste. La base en est que le prolétariat international doit assumer son rôle dirigeant face aux masses prolétariennes et non prolétariennes dans la lutte contre l’impérialisme.

C’est aux marxistes-léninistes que revient la tâche d’analyser sous tous leurs aspects les nouveaux phénomènes du système impérialiste mondial et de donner des réponses aux questions idéologiques, politiques et organisationnelles de la lutte de classes prolétarienne qui surgissent. Il s’agit surtout de découvrir dans le nouveau développement social les facteurs qui sont l’expression d’une préparation matérielle accélérée d’une nouvelle société sans exploitation ni oppression, et qui ouvrent la voie vers un nouvel essor de la lutte pour le socialisme et le communisme.

Ce livre doit contribuer au débat idéologico-politique et à l’unification du mouvement marxiste-léniniste et ouvrier international. Il doit annoncer la couleur, prendre parti et propager la voie de la révolution prolétarienne internationale. Cela inclut la controverse avec les principales théories et pratiques réformistes, révisionnistes ou aventurières dont le prolétariat international doit venir à bout pour accomplir sa tâche historique. Sans victoire dans cette lutte préliminaire dans le domaine idéologico-politique, la révolution prolétarienne internationale ne pourra pas non plus remporter la victoire dans la pratique.

Janvier 2003

Stefan Engel

1 Willi Dickhut (1904-1992), fonctionnaire du KPD [Kommunistische Partei Deutschlands – Parti communiste d’Allemagne – NdT] de 1926 à 1966 ; ensuite il participa au premier plan à construire le MLPD. Sous sa direction, les numéros 1 à 24 de l’organe théorique du MLPD, Revolutionärer Weg [Voie prolétarienne], furent élaborés.

I. Changements essentiels dans l’économie politique de l’impérialisme

1. La formation de monopoles internationaux

Les bases de la formation de monopoles internationaux

Karl Marx analysa dans son œuvre « Le Capital» la concentration et la centralisation du capital comme loi inhérente au mode de production capitaliste. Par concentration au sens strict du terme, il comprenait la croissance du capital dans le processus de la reproduction élargie. Cette dernière est «limitée par le degré de croissance de la richesse sociale » respectivement par la croissance des capitaux dans les entreprises individuelles (Karl Marx, « Le Capital – Livre I», Quadrige, Paris 1993, p. 701). Dans le processus de centralisation, il s’agit de la «concentration de capitaux déjà constitués, de l’abolition de leur autonomie individuelle, de l’expropriation du capitaliste par le capitaliste, de la transformation de nombreux capitaux de petite taille en un nombre moindre de capitaux plus grands.» (ibid.). Cela se fait par des fusions ou des acquisitions d’entreprises. La centralisation ne crée pas de nouveau capital mais répartit seulement le pouvoir de disposer du capital déjà existant entre les différents détenteurs de capitaux. Elle accélère le processus généralisé de concentration du capital au-delà du degré de croissance de la richesse sociale.

La concentration et la centralisation du capital sont la base de la formation et du développement de monopoles comme « une loi générale et essentielle du stade actuel de l’évolution du capitalisme» (Lénine, « L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme », Œuvres, t. 22, Paris/Moscou 1960, p. 218). À propos de la naissance des monopoles, Willi Dickhut écrit dans le livre « Le Capitalisme monopoliste d’État en RFA »:

«La concentration du capital au cours du siècle dernier a connu un tel développement qu’il conduisit inévitablement au monopole. Ce développement s’accomplit sous le signe du grand progrès de la technique pendant le dernier tiers du XIXe siècle, en particulier avec l’introduction de l’énergie électrique, l’invention de la dynamo et du moteur électrique, de la turbine à vapeur et du moteur thermique. » (« Der staatsmonopolistische Kapitalismus in der BRD », tome I, Stuttgart 1979, p. 6 – TDLR)

En règle générale, des processus de concentration et de centralisation de grande envergure sont en rapport très étroit avec des changements révolutionnaires des forces productives et, souvent, ce sont eux seuls qui rendent possible leur réalisation. Inversement, des innovations techniques contraignent évidemment à une accumulation accrue de nouveau capital, ce qui accélère encore le processus de concentration.

Après la crise économique de 1900 à 1903, les monopoles étaient devenus la base de toute la vie économique. Lénine comprit que la formation de monopoles dominants était une phase supérieure de l’évolution du capitalisme :

«La concurrence se transforme en monopole. Il en résulte un progrès immense de la socialisation de la production. Et, notamment, dans le domaine des perfectionnements et des inventions techniques («L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme », op. cit. p. 222 – mise en relief par la rédaction)

La formation de monopoles ne doit pas seulement être comprise comme accumulation de capital. Au contraire, le marché autrefois libre et la libre concurrence furent alors soumis à la domination exclusive des monopoles. Lénine attirait l’attention sur ce fait :

«Les rapports de domination et la violence qu’ils comportent, voilà ce qui est typique de la “phase la plus récente du développement du capitalisme ”, voilà ce qui devait nécessairement résulter, et qui a effectivement résulté, de la formation de monopoles économiques tout-puissants.» (ibid. p. 225)

La position dominante des monopoles changeait évidemment les rapports de production capitalistes. Willi Dickhut écrivit :

«que les monopoles dominent les postes de commande de l’ensemble de l’économie des pays fortement capitalistes. Tous les autres capitalistes des secteurs économiques non monopolistes dépendent des monopoles soit directement en tant que sous-traitants, soit indirectement par le diktat des prix. Certains sont rachetés par les monopoles et d’autres sont poussés à la faillite. Dans le capitalisme monopoliste, ce ne sont plus les intérêts du capitalisme pris dans son ensemble qui jouent un rôle déterminant, mais ceux du capital monopoliste.» (op. cit. p. 15)

Lénine définit ce nouveau stade de développement du capitalisme de façon pertinente comme impérialisme ayant les caractéristiques essentielles suivantes :

«L’impérialisme est le capitalisme arrivé à un stade de développement où s’est affirmée la domination des monopoles et du capital financier, où l’exportation des capitaux a acquis une importance de premier plan, où le partage du monde a commencé entre les trusts internationaux et où s’est achevé le partage de tout le territoire du globe entre les plus grands pays capitalistes». («L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme», op. cit. p. 287)

Une tendance à internationaliser la production est inhérente au capitalisme depuis ses débuts. Karl Marx écrivit à ce propos dans son œuvre « Le Capital»:

«Parallèlement à cette centralisation ou à cette expropriation d’un grand nombre de capitalistes par quelques-uns, se développent, à une échelle toujours croissante, la forme coopérative du procès de travail, l’application consciente de la science à la technique, l’exploitation méthodique de la terre, la transformation des moyens de travail en moyens de travail qui ne peuvent être employés qu’en commun, l’économie de tous les moyens de production, utilisés comme moyens de production d’un travail social combiné, l’intrication de tous les peuples dans le réseau du marché mondial et, partant, le caractère international du régime capitaliste (Karl Marx, « Le Capital – Livre I», Quadrige, Paris 1993, p. 856 – mise en relief par la rédaction)

En dépit de tous les éléments destructeurs, Lénine voyait dans ce développement selon ses propres lois «… l’œuvre historique progressiste du capitalisme qui détruit l’isolement, le particularisme des systèmes économiques du passé (et, par voie de conséquence, l’étroitesse de la vie intellectuelle et politique) et qui réunit tous les pays du monde en un seul tout économique.» (Lénine, « Le Développement du capitalisme en Russie», Œuvres, t. 3, Paris/Moscou 1975, p. 59 – remanié d’après les versions allemande, anglaise et espagnole)

Avec la formation de l’impérialisme, cette «œuvre historique du capitalisme » revêtit une nouvelle qualité. Dans sa « Préface à la brochure de N. Boukharine “ L’économie mondiale et l’impérialisme ” » Lénine décrit :

«Et, à un certain degré du développement des échanges, à un certain degré de l’essor de la grande production, plus précisément au degré qui fut atteint approximativement à la limite des XIXe et XXe siècles, les échanges ont créé une telle internationalisation des rapports économiques et du capital, la grande production est devenue si grande, que le monopole s’est mis à remplacer la libre concurrence.» (Lénine, Œuvres, t. 22, Paris/Moscou 1960, p. 111 – mise en relief par la rédaction)

L’impérialisme ne fut donc pas seulement déterminé par le passage de la libre concurrence au monopole, mais aussi par l’internationalisation des rapports économiques et du capital.

Sur cette base se formèrent des cartels internationaux. Ceux-ci prirent une position dominante aussi bien sur le marché intérieur d’un pays que sur le marché mondial. Lénine distingua la formation de tels cartels comme nouveau degré de la concentration mondiale du capital et de la production :

« Il y a longtemps que le capitalisme a créé le marché mondial. Et, au fur et à mesure que croissait l’exportation des capitaux et que s’étendaient, sous toutes les formes, les relations avec l’étranger et les colonies, ainsi que les “ zones d’influence ” des plus grands groupements monopolistes, les choses allaient “naturellement ” vers une entente universelle de ces derniers, vers la formation de cartels internationaux.

Ce nouveau degré de concentration du capital et de la production à l’échelle du monde entier est infiniment plus élevé que les précédents. Voyons comment se forme ce supermonopole (Lénine, « L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme », op. cit. p. 78 – mise en relief par la rédaction)

Le théoricien économique marxiste-léniniste Eugène Varga se voua entre 1925 et 1928 essentiellement à l’étude de la formation de cartels internationaux et publia dans les rapports trimestriels de l’Internationale communiste (Komintern) des articles sur l’économie et la politique économique. Dans les années 1920, de nombreux cartels internationaux virent le jour dans les secteurs de la production de matières premières et de l’industrie lourde. Mais beaucoup d’entre eux échouèrent devant les contradictions inter-impérialistes insolubles et se sont dissous peu de temps après. C’est pourquoi la formation de monopoles internationaux n’était point un phénomène général avant la Seconde Guerre mondiale, mais encore une particularité de l’évolution économique. Varga en déduisit de manière objective :

«Si l’on examine différentes formations de trusts, tel que p. ex. le Trust électrique international (Trufina), elles paraissent être de grande importance : mais si l’on compare le montant numérique du capital administré par chaque bourgeoisie particulière avec la partie entrelacée au niveau international, alors cette dernière constitue toujours une fraction minime.» (Internationale Pressekorrespondenz [Correspondance de presse internationale], n° 12/1928, p. 223 – TDLR)

Des groupes multinationaux après la Seconde Guerre mondiale

Une nouvelle étape dans la formation de monopoles internationaux s’imposa sur la base de l’instauration intégrale du capitalisme monopoliste d’État au cours de la Seconde Guerre mondiale. Les monopoles se subordonnèrent entièrement l’appareil d’État, et leurs organes se fondirent avec ceux de l’État. Ils établirent leur domination sur l’ensemble de la société.

Pendant l’essor économique de longue durée entre 1952 et 1970, les monopoles prirent le caractère de groupes multinationaux. Willi Dickhut en résuma le caractère et l’importance :

«Les groupes multinationaux sont des entreprises qui, sortant du cadre de leur propre pays, ont établi des filiales dans plusieurs autres pays au moyen de l’exportation de capitaux (investissements directs) ; elles fonctionnent comme centres de production, usines de montage ou sociétés de distribution selon les ordres et sous le contrôle de la maison mère.

Le choix des pays où sont ouvertes des succursales est dicté par l’état du marché, le faible niveau des charges salariales, la présence de matières premières, des voies de transport courtes et bon marché, des incitations à l’investissement telles que l’exonération ou la réduction d’impôts et de droits de douane, les prix avantageux des terrains, alors que le propre État prend en charge la majeure partie du risque.» («Der staatsmonopolistische Kapitalismus in der BRD » [Le capitalisme monopoliste d’État en RFA], op. cit., t. II, p. 135 – TDLR)

Sporadiquement, de tels groupes multinationaux avaient déjà existé auparavant. Mais après la Seconde Guerre mondiale, ils sont devenus la caractéristique de l’économie mondiale. Déjà en 1969, l’ONU estima leur nombre à 7 300. Avec leurs 27 300 filiales, ils eurent alors une part d’environ 25 pour cent du commerce mondial et de pas moins de 10 pour cent de la production mondiale. En 1979, Willi Dickhut résuma ce nouveau développement ainsi :

«L’internationalisation de la production représente une nouvelle phase dans le capitalisme monopoliste d’État, elle constitue à la fois un élargissement et une plus forte concentration des monopoles.» (ibid. p. 144 – traduction et mise en relief par la rédaction)

Suite à l’accumulation accélérée du capital dans les monopoles et en raison d’une stagnation chronique du taux de croissance sur les marchés intérieurs, le besoin d’exporter du capital devint de plus en plus impérieux. En conséquence, l’internationalisation de la production capitaliste s’accéléra énormément au cours des années 1970 et 1980. Willi Dickhut écrivit au sujet de ce processus :

«La concentration des capitaux prend des dimensions internationales gigantesques, l’activité commerciale des groupes multinationaux s’oriente sur des critères internationaux. Pour mieux dominer le marché mondial, il y a des accords de cartel, des participations ou même des fusions de groupes internationaux entre eux, qui se partagent ainsi les marchés. » (ibid. p. 135 – traduction et mise en relief par la rédaction)

Au cours des années 1990, c’est la fusion de groupes multinationaux en supermonopoles dominant le marché mondial qui prit le dessus. Le marché global des fusions et des absorptions connut un boom extraordinaire. Le volume global de toutes les fusions d’entreprises nationales et internationales, qui était encore de 2 763 milliards de dollars US pour l’espace des six années de 1987 à 1992, augmenta entre 1993 et 2000 à 1 768 milliards de dollars US en moyenne annuelle. En 2000, le record de près de 37 000 fusions et absorptions d’une valeur totale de 3 498 milliards de dollars US fut atteint. Le cœur en était la montée en flèche de grandes fusions transfrontalières d’un volume de plus d’un milliard de dollars US chacune. Celles-là seules s’élevèrent à 866,2 milliards de dollars US en l’an 2000.

En 2001, l’organisation de l’ONU, la CNUCED, informa déjà de l’existence de 65 000 groupes multinationaux avec 850 000 filiales. Le nombre des sociétés mères a été multiplié par neuf depuis 1969, et celui des filiales même par trente et un, ce qui représente un bond considérable. Des groupes multinationaux contrôlaient, jusqu’à l’an 2000, 70 pour cent du marché mondial et effectuaient 80 pour cent des investissements dans le monde entier. Déjà en 1997, ils avaient augmenté leur part dans la production mondiale à plus de 25 pour cent. De même que Lénine mit à jour dans les monopoles «le passage du capitalisme à un régime supérieur» (« L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme », op. cit. p. 104), de même la domination des supermonopoles internationaux sur la production capitaliste mondiale conduisit à un nouveau régime supérieur. Une nouvelle organisation de grande envergure de la production capitaliste internationale était en cours de réalisation.

La production internationale au centre de la politique monopoliste

Dans un entretien mené en 1991, Willi Dickhut estima «que l’impérialisme a changé, aujourd’hui, en passant de la production et de la politique nationales à celles de caractère international. L’aspect national de l’impérialisme a régressé devant l’aspect international.» (Note de l’entretien du 7 octobre 1991 – traduction et mise en relief par la rédaction)

Par contre Winfried Wolf, ancien député du Bundestag [parlament fédéral] du PDS1 et leader trotskiste allemand, affirma dans son livre « La fièvre des fusions ou : La grande bouffe » que «la part de la production des “ multis ” en dehors de leurs marchés nationaux reste toujours modeste par rapport à l’ensemble de leurs chiffres d’affaires». (Winfried Wolf, « Fusionsfieber oder : Das große Fressen», Cologne 2000, p. 110/111 – TDLR)

Naturellement il a avancé cette thèse tout à fait irréelle sans analyse concrète ni exposé de preuves. En réalité, le volume des investissements allemands directs à l’étranger s’élevait déjà à 572 milliards d’euros en 2000. Des groupes multinationaux allemands participèrent à 31 722 entreprises à l’étranger. Ils y réalisèrent un chiffre d’affaires de 1 253 milliards d’euros. C’était plus que le double de l’exportation allemande de cette année. Tout de même, en 1999, la part des exportations dans le chiffre d’affaires total s’élevait à 34,2 pour cent en Allemagne.

Si ce n’est pas par des faits que Wolf éblouit, c’est au moins par une ignorance acharnée :

«Les grands groupes qui dominent le monde sont en effet “transnationaux ” dans le sens qu’ils font produire dans les quatre coins du monde, que leurs patrons qui se déplacent en traversant les frontières, sont souvent “ armés ” de plusieurs passeports et qu’ils appliquent, tels des “compagnons sans patrie ”, leurs mesures de réduction du personnel, d’intensification du travail, “ d’outsourcing ” [externalisation], de privatisation, donc de maximalisation des profits en grande partie de manière transnationale en ignorant les barrières de langues et les différences nationales. Pourtant cela n’est point un phénomène nouveau (Winfried Wolf, ibid. p. 109/110 – TDLR)

Bien entendu, faire «produire dans les quatre coins du monde » n’était rien de nouveau pour les monopoles. C’était un élément constitutif essentiel de leur évolution depuis leur naissance. Mais le fait que ces activités sont devenues l’aspect principal, que la production internationale et le marché mondial déterminent le développement économique de chaque pays et que des supermonopoles internationaux dominent aujourd’hui l’économie dans le monde entier, représente un changement qualitatif du développement social.

L’évolution des activités à l’étranger de quelques monopoles leaders internationaux d’Allemagne met en évidence à quel point, de nos jours, prédomine la production internationale.

Les monopoles de pointe de l’industrie chimique, BASF, Bayer et Hoechst, étaient devenus relativement tôt des monopoles internationaux agissant principalement sur le marché mondial. En 1999, Hoechst fusionna avec Rhône Poulenc pour devenir Aventis siégeant à Strasbourg (France).

Graphique 1 :
Chiffre d’affaires et production intérieurs et extérieurs chez BASF 1980 à 2000 (en millions d’euros)

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En 1980 déjà, la part extérieure du chiffre d’affaires était de 53,3 pour cent chez BASF et de 72,9 pour cent chez Bayer. Ce chiffre d’affaires extérieur atteignit déjà en 1980, chez BASF, environ 46 pour cent du fait de la production extérieure, et même 71,7 pour cent chez Bayer. Jusqu’en 2000, le chiffre d’affaires extérieur de BASF avait presque quadruplé à 28 049 millions d’euros, et la part de la production extérieure y était montée à 76 pour cent.

De 1980 à 1990, la production extérieure chez Bayer s’accrut également pour tripler de volume et, en 2000, elle s’élevait déjà à plus de 80 pour cent du chiffre d’affaires extérieur et à 68 pour cent de la production totale. Avec 55 pour cent, le personnel Bayer travaillait majoritairement dans les entreprises à l’étranger, contre 47,4 pour cent chez BASF. Ainsi BASF et Bayer produisent entre-temps principalement dans leurs centres de production internationaux.

Graphique 2 :
Chiffre d’affaires et production intérieurs et extérieurs chez Bayer 1980 à 2000 (en millions d’euros)

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Dans l’industrie électrotechnique, cette évolution n’est apparue si fortement qu’entre 1990 et 2000 dans le processus de la nouvelle organisation de la production internationale.

En 1980, Siemens avait certes un chiffre d’affaires extérieur de 54,1 pour cent, augmentant à 75,6 pour cent en 2000. Mais il fut atteint en premier lieu par des exportations. La production extérieure de Siemens était seulement de 21,8 pour cent en 1980. Un changement décisif se produisit au cours des années 1990, quand la part de la production extérieure augmenta pour atteindre 64,3 pour cent en 2000, ce qui représentait 85,1 pour cent du chiffre d’affaires extérieur. En 2000, 57,6 pour cent des investissements de Siemens allaient à l’étranger, et pas moins de 59,8 pour cent des effectifs travaillaient déjà dans des centres de production extérieurs, alors que ce n’étaient que 31,7 pour cent en 1980.

Graphique 3 :
Chiffre d’affaires et production intérieurs et extérieurs chez Siemens 1980 à 2000 (en millions d’euros)

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Bosch augmenta également son chiffre d’affaires extérieur à 72 pour cent en 2000, et là aussi eut lieu entre 1990 et 2000 un bond déterminant dans la production extérieure et dans le nombre d’employés étrangers. En 2000, 53,8 pour cent du personnel de Bosch travaillaient à l’étranger.

Les grands monopoles de l’automobile connurent aussi des changements décisifs.

DaimlerChrysler ou son prédécesseur Daimler-Benz réalisait déjà en 1980 un chiffre d’affaires extérieur de 55,4 pour cent ; mais il l’augmenta encore pendant les années 1990 jusqu’à 84 pour cent en 2000. Et sa production extérieure augmenta encore plus nettement. Alors qu’elle ne représentait que 14,7 pour cent de la production totale en 1980, elle atteignit déjà 68,9 pour cent en 2000.

Graphique 4 :
Chiffre d’affaires et production intérieurs et extérieurs chez DaimlerChrysler 1980 à 2000 (en millions d’euros)

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En 1980, VW avait déjà un chiffre d’affaires extérieur de 64,4 pour cent, qui ne progressa que lentement à 70,6 pour cent en 2000.

Graphique 5 :
Chiffre d’affaires et production intérieurs et extérieurs chez VW 1980 à 2000 (en millions d’euros)

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Dans l’industrie sidérurgique, les activités à l’étranger n’avaient pas été très importantes par le passé. Mais en 1980, le chiffre d’affaires extérieur de ThyssenKrupp (ou bien seulement Thyssen à l’époque) était déjà de 43 pour cent et progressa ensuite de 47,2 pour cent en 1990 à 65 pour cent du chiffre d’affaires total en 2000. Ici le développement de la production extérieure était également déterminant. En 1980, elle était de 14,7 pour cent seulement pour monter à 46,1 pour cent en 2000, ce qui contribuait pour plus de deux tiers au chiffre d’affaires extérieur.

Graphique 6 :
Chiffre d’affaires et production intérieurs et extérieurs chez ThyssenKrupp 1980 à 2000 (en millions d’euros)

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Deutsche Telekom et Deutsche Post furent privatisées au cours des années 1990, alors qu’elles avaient commencé à entreprendre de plus amples activités à l’étranger depuis seulement quelques années. Jusqu’en 2000, Telekom avait pourtant atteint un chiffre d’affaires extérieur de 19 pour cent réalisé uniquement par la production à l’étranger. 29,4 pour cent du personnel travaillaient à l’étranger contre 8,5 pour cent en 1996 au moment où Telekom est entrée en Bourse.

En ce qui concerne Deutsche Post, son chiffre d’affaires extérieur en 2000 était déjà de 29,2 pour cent, donc 21,8 points de pourcentage de plus qu’en 1990 ; avec une part extérieure de 57,4 pour cent, les investissements étaient de toute évidence orientés sur l’expansion internationale.

Graphique 7 :
Développement du chiffre d’affaires extérieur chez Telekom 1996 à 2000 (en millions d’euros)

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Chez le géant du commerce Metro, le chiffre d’affaires extérieur fut presque triplé entre 1996 et 2000, de 7 107 à 19 789 millions d’euros.

Graphique 8 :
Développement du chiffre d’affaires extérieur chez Metro 1996 à 2000 (en millions d’euros)

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